L'Aleph

L’Aleph

Je vis les images d’Epinal, le cœur du Christ, la vierge en pleurs, les médailles miraculeuses, les lieux saints  chargées de l’haleine des fervents psalmodiant des versets, éructant leurs peurs.

Je vis les hommes les femmes et les enfants disparaître de la condition humaine au nom du jeu, moi-je.

Je vis les religions se croiser, le pourquoi des croisés, la mauvaise foi des dogmes.

Je vis le cœur du Christ brandit au fer de lance, la boucherie des sangs mêlés, la rage qu’ont les hommes à renier leurs appartenances, l’enfer se baptiser Amour.

Et au cœur de ce bain de sang, je vis ma cellule, mon cloître, ma prison aux barreaux forgés par ma science. 

 Je vis mes mains agrippant le fer, devenant lambeaux de chair

Je me vis rire aux larmes au milieu de ce fracas cadavérique puis l’eau bleue reflétant mes visions tourmentées, délava mes yeux, et les illusions coulèrent sur mes joues, mes lèvres, mon cou, ma gorge, mon ventre et mes cuisses.  

Je vis mon cœur s’apaiser, j’écoutais son mouvement rythmique. Il y avait beaucoup, beaucoup  d’autres cœurs, à chacun sa musique. J’écoutais l’éclat sonnant des rires conjugués dans le grand bain de sang.

Je vis flotter à la surface de la marmite humaine, l’image d’Epinal, l’armure du croisé et le fer de sa lance dans des relents d’haleines des sorcières de Salem.

Je vis en accéléré tourbillonner le rouge, le bleu, le cœur et ses veines.

Et puis plus rien

C’était au commencement

L’Aleph ²

Je vois les hommes, les femmes reproduire des enfants.

Je vois les marteaux piqueurs empaler les racines, les tractopelles déblayer le terrain pour faire place à l’autoroute du tour de monde.

Je vois l’errance des mécaniques mentales, les cœurs a-vides, les corps anorexiques.

Je vois les nouveaux dieux négocier leurs services.

Je vois Apple dessiner l’arbre de la nouvelle genèse.

Où est le serpent ?

Je cherche le cœur choral de ceux qui ont apprivoisé la liberté